Nouvelle secousse dans l’écosystème numérique : plusieurs grands éditeurs de presse européens viennent de déposer une plainte officielle contre Google. En cause, l’intégration de l’intelligence artificielle générative dans les résultats du moteur de recherche, une évolution qui selon eux détourne le trafic, fragilise les modèles économiques des médias, et constitue une forme de concurrence déloyale.
Ce que reprochent les éditeurs à Google
Depuis l'arrivée de fonctionnalités comme Search Generative Experience (SGE) ou d’extraits de réponse générés par l’IA, les utilisateurs reçoivent de plus en plus souvent des réponses complètes sans jamais cliquer sur les liens proposés. Résultat : une baisse significative du nombre de visites vers les sites d’information.
Les éditeurs accusent Google de s’approprier le contenu journalistique, sans partage équitable des revenus, ni respect des droits voisins. Cette intégration d’IA se ferait, selon eux, à partir de contenus indexés sans autorisation explicite, ce qui fragiliserait leur production éditoriale et leur viabilité financière.
Une bataille juridique à l’échelle européenne
Le recours a été porté devant plusieurs instances de régulation, dont la Commission européenne et les autorités nationales de la concurrence. Parmi les signataires de la plainte figurent de grands groupes de presse en France, en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas.
Les plaignants réclament une enquête formelle sur les pratiques de Google, ainsi qu’une rémunération équitable pour l’usage de leurs contenus dans les réponses IA. Ils demandent également un encadrement plus strict de l’exploitation de contenus issus de la presse dans les systèmes d’intelligence artificielle.
Enjeux : au-delà du simple clic
Cette plainte soulève une question cruciale pour l’avenir de l’information en ligne : qui capte la valeur créée par les contenus journalistiques ? Si les moteurs de recherche deviennent des plateformes de réponse immédiate, sans redirection vers les sources, c’est tout l’écosystème éditorial qui est menacé.
Les éditeurs s’inquiètent aussi du manque de transparence sur les données utilisées pour entraîner les IA, et de l'absence de modèle de compensation clair. Dans un contexte où les modèles d’abonnement et de publicité sont déjà fragilisés, cette appropriation algorithmique pourrait précipiter le déclin de nombreux titres.
Google reste sur la défensive
De son côté, Google affirme que ses nouvelles fonctionnalités visent à améliorer l’expérience utilisateur, et que les sites d’actualité continuent à bénéficier d’un trafic important via le moteur de recherche. Le géant californien évoque aussi ses partenariats existants avec les éditeurs à travers des programmes comme Google News Showcase.
Mais pour les médias européens, cela ne suffit plus. La plainte déposée pourrait marquer un tournant dans les relations entre les plateformes technologiques et la presse, sur fond de révolution IA.